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Enzo Traverso

 


Pendant plus d’un siècle, l’intellectuel a été un trouble-fête, un esprit critique qui affirmait la vérité contre le pouvoir. Zola, Orwell, Sartre ou encore, plus près de nous, Pierre Vidal-Naquet, l’ont incarné. Ce sont eux qui ont pris la défense du capitaine Dreyfus, indiqué la voie de l’antifascisme, dénoncé le stalinisme et le colonialisme. Aujourd’hui, ce mot a perdu son aura, car il désigne surtout des personnages qui occupent nos écrans de télévision. Selon Enzo Traverso, cet éclipse a des causes multiples : la fin des utopies du XXe siècle, le tournant conservateur des années 1980, la marchandisation de la culture, les désillusions d'une génération.

Dans un monde « post-idéologique », où la politique se nourrit de moins en moins d'idées, l’intellectuel a été remplacé par l’« expert » au service des pouvoirs. Ce dernier n’a plus aucun lien avec les mouvements sociaux dont il fut à une autre époque l’inspirateur ou la conscience critique. Dans ce contexte, la pensée dissonante est devenue souterraine mais n'a pas disparu. Elle s’est même renouvelée, à une échelle globale, avec des acteurs inédits. Enzo Traverso préconise donc une articulation nouvelle entre la production des savoirs, la critique du pouvoir et l’engagement politique. Un état des lieux et un plaidoyer pour réinventer l’intellectuel au XXIe siècle.


Entretien mené par Régis Meyran, journaliste et anthropologue. 


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